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Chronique de l'année 2013

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Publié le vendredi 10 janvier 2014 - 11h22


Le "horsegate" a pris par surprise tous les acteurs agroalimentaires, plus préparés à un véritable problème sanitaire qu'à un vulgaire trafic commercial. Quand le scandale a éclaté au mois de février, les médias grand public l'ont, un temps, baptisé "affaire Findus". La marque de surgelés est parvenue à se dépêtrer de ce traquenard... ce qui ne fut pas le cas de Spanghero, dont le rôle majeur dans la crise s'est peu à peu imposé. Le groupe coopératif Lur Berri s'en est retiré au profit de Laurent Spanghero. Il reste à ce dernier à confirmer la viabilité de la Lauragaise qu'il a recréée après que sa solution a été préférée à celle présentée par Delpeyrat, filiale de Maïsadour. Au passage, la crise aura causé la liquidation judiciaire de Fraisnor ou l'arrêt de la production de plats cuisinés à base de viandes de l'usine Nestlé de Beauvais. Reste, de cette affaire, la question de l'indication de l'origine des viandes dans les plats cuisinés dont la France demande l'obligation mais que la Commission européenne tente de repousser aux calendes grecques.

Une autre crise a marqué l'agroalimentaire français l'an dernier, et celle-là plus profonde sans doute. Il s'agit de la crise tout court qui a finalement touché le secteur - généralement moins réactif aux aléas conjoncturels - au point de soulever la "révolte des bonnets rouges". Tandis que les mouvements de restructuration, touchant prioritairement la Bretagne, s'imposaient de plus en plus depuis quelques mois, trois événements ont fait lever un vent d'indignation inédit depuis longtemps dans la première région agroalimentaire de l'Hexagone : l'annonce de la fermeture de l'usine porcine de Lampaul-Guimiliau - le groupe Cecab n'étant pas parvenu à céder sa filiale Gad -, la décision de Tilly-Sabco de suspendre sa production de volailles pour le grand export et l'instauration de l'écotaxe sur les poids lourds.

Depuis, le gouvernement a mis en branle un "plan Bretagne". Il a aussi obtenu de la Commission européenne de pouvoir apporter des mesures d'accompagnement à l'arrêt des restitutions aux ventes de volailles vers les pays tiers. Et la fameuse écotaxe a été suspendue, sine die espèrent ses détracteurs. Même si ce n'étaient que des mesures conjoncturelles, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, et Guillaume Garot, son ministre délégué à l'Agroalimentaire, ne ménagent pas leur peine pour témoigner de leur souci des filières agroalimentaires : loi d'avenir agricole, accord sur le contrat de génération, comité sur les conditions de travail, lutte contre le gaspillage... Mais les marges de manœuvre financières de la puissance publique restent réduites et les mannes promises par la BPI ne sont pas encore tombées.

C'est dans ce contexte que les mouvements interentreprises se sont poursuivis, à un rythme régulier certes mais pas amplifié non plus. Les groupes coopératifs y occupent les premières places encore, comme c'est le cas depuis plusieurs années. Dans le domaine laitier avec l'annonce de l'alliance entre Sodiaal et 3A ou celle entre Agrial, Eurial et Coralis, mais aussi dans celui des légumes avec la fusion de Lunor et de Cap Seine ou dans celui du saumon avec les développements de Delpeyrat (Maïsadour) dans Viviers de France et Ledun Pêcheurs d'Islande. Les fonds d'investissement ont aussi marqué un intérêt renouvelé pour le secteur agroalimentaire avec la reprise d'Europe Snack par Apax Partners, celle de l'Européenne de desserts par Equistone, de Maître Pierre par GEI. Les regroupements de PME se sont également poursuivis, à l'instar du rachat des Crudettes par LSDH, d'Iller par André Bazin, d'Alpes Frais Production par Valentin Traiteur, de Cobreco par Connétable, des Charcuteries Gourmandes par Cosnelle... En revanche, l'intérêt des capitaux étrangers pour l'agroalimentaire français marque une pause, si ce n'est l'entrée du saoudien Almunajem dans le nouveau tour de table du groupe Doux mené par l'homme d'affaires Didier Calmels.

A l'international également, peu d'opérations majeures sont intervenues en 2013, même si le chinois Shuanghui a fait une entrée remarquée aux Etats-Unis en s'offrant Smithfields (voir plus bas). Le brésilien JBS s'est encore étoffé de la branche volailles de Marfrig et le financier Warren Buffet s'est offert Heinz. La réciproque est d'ailleurs vraie. A l'exception de Danone (Fan Milk en Afrique, Yo Crunch et Happy Family aux Etats-Unis, deux nouveaux joint-ventures en Chine, eaux en Turquie), les Français ne se sont pas trop risqués hors de leurs frontières en 2013. Cela a été le cas en termes d'acquisitions, mais également en termes de ventes. Après trois années de rebond, le commerce extérieur agroalimentaire français a marqué le pas l'an dernier : le solde des échanges perdait plus de 10 % sur les dix premiers mois de l'année, en raison d'une progression trois fois plus rapide des importations (+ 3,71 %) que des exportations, en net ralentissement (+ 1,06 %).

Une contre-performance qui ne sera pas pour consolider les comptes des entreprises agroalimentaires dont les marges ne cessent de s'éroder. Le rapport annuel de l'Observatoire des prix et des marges a estimé qu'elles étaient arrivées "à la limite du supportable". Ce qui n'est pas pour apaiser les relations avec la grande distribution. En cours de discussion, la loi Consommation prétend y remédier en rééquilibrant les rapports de force. Mais si elle offre peut-être de nouveaux outils juridiques aux industriels, elle ne changera pas la réalité du paysage économique et commercial. Les industries agroalimentaires françaises sortent globalement fragilisées de l'année 2013 dans la compétition mondiale. Il leur faudrait inverser cette tendance en 2014.

Bonne année 2014 à tous nos lecteurs !

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