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Publié le vendredi 08 janvier 2016 - 11h26
La conjoncture agricole difficile aura marqué l'année dernière, portant les crises laitière, bovine et porcine à un paroxysme certain durant l'été. Elle a sans doute été aggravée par la guerre des prix qui a sévi dans la grande distribution, malgré un marché alimentaire finalement pas si mal portant que cela. Les industries agroalimentaires se trouvent prises en tenaille dans ce contexte, ce qui explique la relative atonie du secteur pour la seconde année consécutive, après une année 2013 particulièrement calamiteuse (horsegate, restructurations...). Au moins, 2015 aura sans doute moins connu de défaillances d'entreprises, de fermetures d'usine ou de plans sociaux.
Au chapitre des opérations interentreprises, peu d'opérations majeures auront été menées l'an dernier en France, si ce n'est par les groupes coopératifs qui ont poursuivi leurs manœuvres de rapprochements internes. Ainsi, la fusion entre la branche laitière d'Agrial et Eurial a finalement été entérinée. Côté lait toujours, la CLHN a choisi de rejoindre Sodiaal. Par ailleurs, Axéréal et Dijon Céréales ont fusionné leurs activités meunerie.
Certains autres groupes coopératifs ont repris une politique de croissance externe, à commencer par Terrena, qui s'est porté acquéreur du groupe Doux, en partenariat avec le groupe Avril (ex-Sofiprotéol), tout en poursuivant sa diversification, cette fois dans le vin, en prenant le contrôle d'Ackerman. Le vin est désormais un nouveau territoire pour les ambitions des coopératives, comme en témoigne la première d'entre elles, InVivo, avec la constitution d'InVivo Wine, après l'acquisition de Cordier Mestrezat et des Vignobles du Soleil, ainsi qu'une prise de participation dans Vinadéis (ex-Val d'Orbieu-Uccoar). Dans d'autres secteurs, Labeyrie (Lur Berri) a repris Salés Sucrés ainsi que 50 % d'Aqualande, tandis que la Cavac a acquis Biofournil. On notera toutefois deux désengagements coopératifs : celui de Delpeyrat (Maïsadour) des plats cuisinés réfrigérés en GMS au profit de Tallec et la cession par Agrial de sa branche volailles (Galéo, ex-Secoué, et Socadis) à LDC.
Les fonds d'investissement se sont montrés également plus actifs. Si la reprise d'Iglo puis de Findus par le britannique Nomad Foods marque, d'une certaine manière, le retrait des fonds de l'univers des surgelés, on peut signaler le sauvetage de Sevenday par le fonds néerlandais Nimbus ou l'acquisition de Cérélia (ex-Croustipate) par IK. De nombreux autres fonds ont participé à des opérations – nouveau tour de table, levée de fonds, etc. – en y apportant leur soutien minoritaire comme celles qui ont concerné le groupe Folliet, Gabriel Boudier, Yooji, Cacolac, Bouvet-Ladubay... Pour des projets de taille modeste, le crowdfunding (ou financement participatif) est aussi devenu un moyen fort prisé par les créateurs pour trouver de nouvelles sources de financement.
En revanche, on note finalement assez peu d'opérations « classiques » entre entreprises agroalimentaires durant l'année 2015. En dehors de la reprise de St Mamet par la holding Florac, qui semble nourrir l'ambition de constituer un groupe agroalimentaire, Europe Snacks a absorbé Sibell ou Savencia (ex-Bongrain) a cédé Clavière à Arcado (ex-Jean-Louis Amiotte). Enfin, on a assisté à peu de nouvelles incursions étrangères, si ce n'est le rachat de Roland Monterrat par l'espagnol Ebro Foods, ou l'alliance signée par Avril avec l'allemand Tönnies dans le porc. Plus nouveau, mais encore anecdotique, Casino a pris le contrôle de la petite Entreprise laitière de Sauvain, après avoir récupéré une usine de Gastronome à Terrena. De là à y voir un retour du distributeur d'origine stéphanoise dans l'industrie, il y a un pas qu'il est trop tôt pour franchir.
Enfin, quelques questions soulevées en 2015 trouveront peut-être une réponse cette année, comme les propositions d'alliance de Tereos à Cristal Union – qui les a pour l'instant rejetées – ou les velléités de cessions de marques françaises, en confiserie notamment, par Mondelez... que la rumeur voit fusionner avec PepsiCo au niveau mondial. À l'international justement, quelques opérations de grande ampleur sont intervenues : l'OPA d'AB InBev sur SABMiller (regroupant le tiers du marché mondial de la bière), le rapprochement des activités glaces de Nestlé avec R&R, la reprise de l'américain Géant Vert par B&G Foods à General Mills, la fusion de Kraft et Heinz...
Certains groupes français, ou des filiales françaises importantes détenues par des groupes étrangers, ont procédé à de nouveaux développements hors de l'Hexagone : Nutrition & Santé (filiale du japonais Otsuka) en Espagne avec Bicentury, Findus en Espagne avec la Cocinera, Biscuits Bouvard en Italie avec Euro Cakes, Avril au Royaume-Uni avec The Kerfoot Group, Cérélia aux Pays-Bas avec Bioderig, Bel au Maroc avec Safilait, Lactalis en Turquie avec Ak Gida... En retard dans ce domaine, les groupes coopératifs se mettent lentement à l'internationalisation : coentreprises de Candia en Chine ou d'Agrial au Danemark (en quatrième gamme), reprise de Napier Brown Sugar par Tereos au Royaume-Uni...
Ce virage, encore très relatif, peut être interprété comme un signal positif pour l'agroalimentaire français. D'autant que le déclin de ses exportations semble s'être enrayé. Pénalisé par cette contre-performance comme par la morosité du marché intérieur (commerce de détail mais aussi restauration), son chiffre d'affaires avait, pour la première fois depuis longtemps, légèrement décru en 2014, et il est possible qu'il en ait été de même en 2015. Ce rebond à l'export, accompagné d'une atténuation de la guerre des prix – désirée par certains distributeurs et favorisée par leurs regroupements à l'achat –, pourrait apporter un peu d'oxygène au secteur.
Bonne année 2016 à tous nos lecteurs !
Vendredi 17 novembre 2017
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