« Eviter l'usure au travail est vraiment l'une de nos préoccupations, explique Charlotte Legrand, responsable des ressources humaines de l'usine Cémoi de Bourbourg (Nord), qui produit des chocolats, confiseries chocolatées et chocolats liquides avec 150 salariés en CDI et 40 en CDD. Nous avons décidé de chercher à améliorer les conditions de travail sur une ligne de confiseries chocolatées sur laquelle travaille un personnel vieillissant. Il s'agissait d'une ligne ancienne et assez complexe fabriquant plusieurs types de produits : tablettes pleines ou fourrées, lingotins... » Sensibilisée aux troubles musculo-squelettiques (TMS) depuis longtemps, l'usine avait déjà conduit des actions avec un ergonome.
Identifier les situations contraignantes
« Cette fois, nous voulions associer davantage le personnel, pour mieux identifier les situations contraignantes et étudier les améliorations possibles avec plus d'efficacité, mais aussi parce qu'une telle démarche est importante pour l'estime des salariés », ajoute la responsable RH. Elle a pour cela travaillé avec l'Aract (1) Nord-Pas-de-Calais et une ergonome du Sise (2). Pour monter le projet, un comité de pilotage qui incluait également le médecin du travail a été mis en place. Cette première étape a été suivie par la création de deux groupes de travail, « moulage » et « conditionnement ». Analyse de l'existant, enregistrement vidéo des différentes situations de travail, réflexions quant aux améliorations possibles, simulations pour vérifier si les pistes identifiées fonctionnent... la démarche mise en place avec l'aide d'un stagiaire d'école d'ingénieur s'est étalée sur deux ans.
Un nouvel état d'esprit
« Elle a abouti à de nombreuses améliorations, par exemple le fait de raccourcir un convoyeur libére de la place et un opérateur peut désormais s'asseoir, l'accès de la zone pour les caristes a été facilité, la modification de l'emplacement des consommables réduit les déplacements... », précise Charlotte Legrand. Impliquer les salariés a été très positif. La démarche a permis d'initier des changements en adéquation avec les réalités quotidiennes. Elle estime que ce mode de fonctionnement a aussi créé un nouvel état d'esprit. « Les opérateurs se connaissent mieux et échangent davantage entre eux, estime-t-elle. Maintenant que le projet est terminé, nous allons en démarrer un nouveau. Nous pensons le mettre en place dans un atelier laverie. »
(1) Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail (2) Société d'Ingénierie Sociale d'Entreprise.
Les multiples avantages de la démarche participative
- Mettre en place une démarche participative est incontournable dans un projet d'investissement ou de modification des systèmes de production.
- Elle assure une bonne adéquation entre les changements envisagés et les réalités du terrain.
- L'implication des opérateurs conduit à l'appropriation progressive des évolutions par les personnes directement concernées et évite les situations de rejet ou d'incompréhension qui peuvent pénaliser un nouvel investissement, ou une modification des postes de travail.
- Elle nécessite de commencer par une analyse de l'existant, pour bien comprendre en quoi consiste le travail réel des salariés, mettre en lumière les contraintes dans la réalisation de leurs tâches ou pour s'adapter à des évolutions. Elle consiste ensuite à rechercher des solutions, toujours en impliquant les opérateurs, puis à valider les choix envisageables par la simulation, avant de les adopter ou de les écarter.