Anticiper. C'est devenu un leitmotiv pour le groupe LSDH (Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel). Les prévisions de vente sont au coeur de la stratégie industrielle de cette entreprise qui élabore et conditionne tous types de liquides (laits, crèmes, aides culinaires, jus de fruits, boissons végétales...). Ces données déterminent la planification des lignes de conditionnement, l'organisation de la main-d'oeuvre, les capacités de stockage et l'optimisation de la logistique.
LSDH, qui gère 1 300 références actives, est présente dans différents circuits de distribution. « Pour les marques distributeurs, nous gérons la mise à disposition des produits, de la demande à la livraison. Si nous n'anticipons pas les besoins, nous avons des pénalités. Il est donc primordial de capter une donnée fiable », pointe Christophe Bavais, directeur supply chain des deux sites de production, un à Saint-Denis-de-l'Hôtel (Loiret) et l'autre à Varennes-sur-Fouzon (Indre).
Nouveau logiciel
Jusqu'en 2015, l'industriel utilisait le logiciel Excel et fondait ses prévisions sur les volumes de l'année précédente, la saisonnalité des produits et les promotions. Mais d'une année sur l'autre, des incidents peuvent arriver : une demande plus forte en lait français, des concurrents qui proposent des promotions... Pour « dépolluer le passé » et affiner les prévisions, le spécialiste des liquides alimentaires a mis en place un nouveau logiciel, Demand Planning de DynaSys.
Cet outil lui permet d'affiner sa stratégie industrielle par clients, marchés, produits ou familles de produits sur dix-huit mois, à l'aide de simulations, d'anticiper les ventes à court terme (deux à trois semaines) et de régionaliser ses prévisions de vente (lire l'encadré). « Nous constatons une amélioration de la fiabilité des données, notamment sur les produits fond de rayon, ceux qui tournent régulièrement. Pour estimer l'impact des promotions, l'outil a encore besoin d'être amélioré. Nous participons à un groupe de travail en ce sens. Une nouvelle version devrait arriver en 2017 », ajoute Christophe Bavais.
Responsabiliser les prévisionnistes
Le logiciel a permis de changer d'approche de la gestion de la demande. Avant, LSDH travaillait sur les écarts entre le prévisionnel et le réalisé, par grandes masses. Aujourd'hui, il cible les produits par classification et ne travaille que sur ceux à grands écarts. Une approche beaucoup plus rationnelle. En parallèle, l'organisation du service a évolué. Deux prévisionnistes, qui connaissent très bien les produits pour avoir travaillé au planning de production et au service clients, confirment ou corrigent les données lorsqu'il y a un décrochage. « C'est à eux de démontrer que leurs prévisions sont fiables. Ils sont les garants des données », souligne le directeur supply chain.
Grâce à cette démarche globale, LSDH estime que le volume de produits fabriqués, mais non commercialisés car ne respectant pas les dates contractées avec la GMS, a diminué de 15 %. Pour certains produits à date de consommation très courte, la différence entre le prévisionnel et les ventes réalisées s'est nettement réduite. L'industriel ne regrette pas d'avoir investi entre 100 000 et 150 000 euros dans le logiciel et d'avoir changé son approche prévisionnelle. « Le coût est largement rentabilisé. Cela ne fait plus débat », conclut Christophe Bavais.
Vers la régionalisation des données
- Pour 2018, LSDH compte développer deux entrepôts de stockage, l'un à Orléans (Loiret) pour les livraisons au nord de la France, l'autre près d'Avignon (Vaucluse), pour le Sud.
- « Notre objectif est d'arriver à améliorer la supply chain pour livrer nos clients le jour de la commande. Nous souhaitons dupliquer ce qui fonctionne déjà dans le groupe, en mutualisant le stockage et le transport avec les Crudettes », explique Christophe Bavais.
- Pour y parvenir, les prévisions de vente de chaque référence ne seront plus collectées de façon nationale, mais régionale, grâce aux données pour chaque point de livraison.