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Chronique de l'année 2011

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Publié le mardi 10 janvier 2012 - 12h57


Dans le paysage agroalimentaire français, l'année 2011 avait notamment commencé par une question : qui reprendra Yoplait ? C'est finalement l'américain General Mills qui l'a emporté, reprenant 51% de l'entreprise et 50% de la marque dont Sodiaal souhaitait conserver le contrôle. Evincé du dossier - comme le chinois Bright Foods et quelques autres -, Lactalis s'est largement consolé en mettant la main sur l'italien Parmalat, après une OPA plus controversée que réellement combattue. Dans les produits laitiers, notons également l'alliance passée entre Senoble et Agrial pour constituer une entité spécifiquement vouée aux MDD et quelques opérations de "terroir" : Lactalis prenant le contrôle de l'auvergnat Wälchli et de la Fromagerie de l'Etoile tandis que Bongrain intégrait les époisses Berthaut.

Lors de son premier numéro de l'année, "RIA News" annonçait la prise de contrôle intégral de Gad par la Cecab qui y détenait déjà une participation. Durant cette même année, le groupe coopératif a finalement cherché à s'en dessaisir sous l'égide du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle), avant de préférer y renoncer. En sorte qu'aucune opération majeure n'est intervenue en viandes. Comme en volailles d'ailleurs, si ce n'est la reprise de Corico par LDC, qui a par ailleurs trouvé une solution pour sa filiale espagnole en l'associant à AN Coop.

Autre feuilleton de l'année - et il n'en était pas à son premier épisode ! -, Madrange a finalement été repris par la Financière Turenne Lafayette, holding de Monique Piffaut déjà propriétaire de Paul Prédault. Mais cela a été également l'une des rares acquisitions importantes du secteur charcutier. Outre la reprise de Comtesse du Barry par Delpeyrat (Maïsadour), notons celles d'André Bazin par Fruiterroir, des Terrines du Morvan par les Salaisons Sabatier ou de la Charcuterie des Flandres par le belge Lock's International.

De même en surgelés, les informations majeures ont plutôt été des non-événements. Lion Capital a semble-t-il renoncé à vendre Findus, de même que LDC a tranché : le groupe gardera la branche surgelés de Marie. Ces acteurs entendent profiter au passage du retrait de Nestlé de certains segments, la "greffe Maggi" ayant difficilement pris après la cession de Findus il y a quelques années. A noter en glaces la montée en puissance du britannique R&R Ice Cream, déjà acquéreur du breton Rolland, et auquel la coopérative 3A a vendu l'activité glaces de Boncolac.

Année relativement calme également dans les secteurs de l'épicerie, si ce n'est l'absorption du groupe Vermandoise par Cristal Union. Et quelques opérations de taille intermédiaire : Limagrain reprenant Brossard dont la branche surgelés avait été cédée à Alfesca, Reitzel acquérant Christ, Cepasco Spigol intégrant les épices Gyma, après que la famille Ducros a ouvert son capital à Liberfy et l'Idia, les Goûters Magiques (alliance de Galapagos et Norac) reprenant Armor Délices...

En boissons alcoolisées, Rémy Cointreau a finalement cédé ses champagnes à EPI et la Martiniquaise a été autorisée à reprendre les spiritueux de Quartier Français (sous réserve de certains désengagements). En vins, Boisset a mis la main sur les vins Skalli et Castel sur Patriarche. Peu d'opérations en boissons non alcoolisées à l'exception d'Orangina Schweppes, qui a repris 100% de l'Européenne d'embouteillage qu'il codétenait avec l'italien San Benedetto, et de la holding Trixaim qui a pris le contrôle de Cacolac.

L'année 2011 a également été marquée par les difficultés rencontrées par certaines entreprises. Outre les déboires récurrents de Belvédère et de son plan de sauvegarde, on note la liquidation judiciaire de Seb-Cerf à laquelle une crise sanitaire a été fatale, de Forking en dépit d'un pari nutritionnel audacieux, ou encore de NetCacao, mettant un terme à la tentative de pérennisation de l'ancien site Nestlé de Saint-Menet. Une question analogue risque d'ailleurs de se poser pour le site Fralib de Gémenos qu'Unilever a décidé de fermer malgré l'opposition des salariés.

Pourtant, la France continue d'attirer certains investissements : Mars a préféré l'Alsace à la Pologne pour augmenter ses capacités et Kraft a inauguré, en Ile-de-France, un centre R&D européen pour ses biscuits. L'actualité internationale s'est, de son côté, montrée assez calme, si ce n'est l'OPA de SabMiller sur le brasseur australien Foster's ou la reprise par Nestlé du confiseur chinois Hsu Fu Chi. Elle aura été surtout marquée par la reprise de la vogue des scissions ("spin off") : Sara Lee d'abord, qui a finalisé au passage son désengagement de la boulangerie industrielle (dont Eurodough cédée au fonds Sagard), en attendant Kraf Foods qui s'y prépare, voire PepsiCo...

Si l'année 2011 ressort finalement comment une année "moyenne" en termes d'opérations d'entreprises, le monde agroalimentaire a toutefois connu quelques évolutions notables. Avec la bénédiction de l'Union européenne, la mise en place de la contractualisation dans la filière lait s'est faite difficilement mais les premiers contrats ont été signés avant la fin de l'année, Lactalis bloquant encore dans la reconnaissance des organisations de producteurs. Autre nouveauté, l'instauration de nouvelles taxes, dont bien sûr celle sur les boissons qui pourrait préfigurer d'autres prélèvements à venir...

Enfin, 2011 a naturellement connu son lot d'événements en matière de relations entre industrie et distribution : le conseil constitutionnel a validé la notion de déséquilibre significatif, débloquant ainsi les assignations lancées par les pouvoirs publics contre les groupes suspectés d'imposer des clauses abusives et dont la procédure est toujours en cours. Plus généralement, l'année a surtout été marquée par la dureté des négociations commerciales, portant sur la répercussion tarifaire des hausses de coûts. A ce sujet, le bras de fer entre Lactalis - décidément sous les feux de l'actualité en 2011 - et Leclerc restera dans les annales... en attendant que l'Observatoire des prix et des marges parvienne à véritablement déterminer comment la valeur se répartit dans la chaîne alimentaire.

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