Pourquoi Banania, Bénédicta et Pastacorp mutualisent leur logistique

PLATE-FORME DE MUTUALISATION Les trois industriels livrent ensemble, à partir de Longueil-Sainte-Marie, plus d'une cinquante de plates-formes de distributeurs. JEAN-FRANÇOIS BOHLER/PYGMALION

« Nous avons mis en place un système de gestion mutualisée des approvisionnements, GMA, avec Bénédicta en 2004 et les premières livraisons que nous avons réalisées en commun étaient destinées à des plates-formes Carrefour », explique Philippe Brisset, directeur des opérations chez Nutrimaine Banania, qui possède également la marque Benco. L'idée de créer une GMA, encore appelée gestion partagée des approvisionnements mutualisés, GPAM, ou « pooling » alimentaire, leur est venue en discutant avec l'un de leurs fournisseurs, la société de logistique et de transport, FM Logistic.

L'usine Nutrimaine Banania est implantée à Faverolles, près de Mont-didier dans la Somme, alors que Bénédicta, installée près de Lille dans le Nord, utilisait le site de Longueil-Sainte-Marie de FM Logistic, près de Compiègne dans l'Oise, pour stocker une partie de sa production. « Les deux industriels livraient, chacun de leur côté, les mêmes enseignes. Pour-quoi ne pas tenter de regrouper une partie de leurs livraisons, et réduire ainsi leurs coûts de transport », souligne Dominique Ory, directrice pro-cess supply chain chez FM Logistic.Depuis, Pastacorp Lustucru est venu les rejoindre en juin 2006. L'une de ses deux usines françaises et son site principal de stockage sont implantés à Chiry-Ouscamp, également dans l'Oise, à 33 km des infrastructures de FM Logistic. Aujourd'hui, les trois industriels livrent ensemble à partir de Longueil-Sainte-Marie, plus d'une cinquante de plates-formes de distributeurs, essentiellement de l'enseigne Carrefour, mais aussi Match et, plus récemment, Casino.

Le choix d'un prestataire

Le fait de regrouper les commandes d'un distributeur dans le même camion peut paraître simple a priori, mais elle exige en réalité beaucoup d'énergie. « La relation commerciale est toujours assurée directement entre l'industriel et le distributeur, sans intermédiaire, précise Philippe Brisset, mais nous avons confié à FM Logistic le stockage de nos produits et la gestion des livraisons. Ce qui signifie qu'en se lançant dans cette opération, nous acceptons d'abandonner une partie de nos prérogatives. Ce n'est pas une décision facile à prendre. Il faut aussi que le destinataire soit prêt à recevoir dans le même camion, les produits de plusieurs entreprises ». La mise en place d'une telle organisation prend donc beaucoup de temps. « En général, le distributeur profite de la création d'une GMA pour augmenter la fréquence de livraisons et réduire ses stocks, remarque le responsable de Nutrimaine Banania. Il faut qu'il y trouve un intérêt, pour accepter le changement. »Pour les trois industriels, le premier avantage de la mutualisation est de contenir les coûts de livraison à la palette, alors que la mise en place de la plate-forme ne leur est pas revenue à plus de 20 000 €. Le fait de s'engager dans un tel système a également modifié leur façon de travailler. « Autrefois, nous réalisions d'une à quatre livraisons par mois, aujourd'hui, nous en sommes à une ou deux livraisons par semaine, parfois trois, ajoute Philippe Brisset. De même, nous avons augmenté le nombre de palettes par camion, de 5 à 20 avant de travailler ensemble, à entre 20 et 30 palettes aujourd'hui. Nous avons également réduit de 500 tonnes/an, nos émissions de CO2 liées aux transports. Et nos volumes de stocks chez les distributeurs ont diminué de 16 à 48 %, selon les industriels, tout en apportant un service amélioré. »