« Notre entreprise est petite, mais nous nous développons sur un créneau encore inexploré et nous rencontrons un grand succès, raconte Jean-Frédéric Navarre, président de la SAS Les Chaises hautes, à Paris. Les demandes affluent, notamment de la grande distribution. Afin de pouvoir y répondre, nous avions besoin de 250 000 € pour reconstituer nos stocks de produits finis, renouveler toute notre gamme et nos packagings, ainsi que de mettre en place des actions de marketing et de communication. »
Une vingtaine d'actionnaires
Créée en 2012, la PME est spécialisée dans la préparation de sachets de légumes bio, découpés et surgelés, prêts-à-cuisiner pour les bébés à partir de 4 mois. Encore jeune et de petite taille, la société n'est pas allée voir les banques pour demander des fonds. « Nous aurions eu une réponse négative et nous aurions été obligés de prendre des risques en termes de garanties personnelles, explique Jean-Frédéric Navarre. Nous avons consulté des business angels, notre dossier avait été retenu, mais les choses allaient trop lentement.
Nous avons alors pensé aux fonds d'investissement, mais peu financent de jeunes sociétés en agroalimentaire. Finalement, nous avons découvert la plate-forme de crowdfunding Anaxago où nous avons rapidement pu souscrire 250 000 € auprès d'une vingtaine d'actionnaires et fédérer une communauté très impliquée. Ces personnes s'intéressent à nos produits, nous posent des questions pertinentes, nous envoient leurs conseils et leurs idées. C'est très enrichissant. Nous avons été surpris par l'intérêt que notre projet suscitait. »
Nouvelle gamme, nouvelle marque
Jean-Frédéric Navarre et son épouse Anne-Laure, directrice générale de l'entreprise, ont bouclé leur levée de fonds fin janvier. Ils ont d'ores et déjà pu élargir leur gamme à douze références et ils ont embauché une agence de créateurs pour redessiner leurs packagings et les rendre « plus punchy et excitants ». Leur concept reste toutefois le même : des sachets de légumes bio, sans additif, ni conservateur, conditionnés dans des boîtes en carton. Ils ont aussi changé de marque, et abandonné « Ma boîte à légumes », pour « Je cuisine pour mon bébé ». « Nous étions associés à la marque d'autocuiseurs pour bébé Babycook, mais nous avons aussi changé de partenaire et signé un contrat avec Babymoov, qui développe la marque Nutribaby, poursuit Jean-Frédéric Navarre. Nous mettons au point des opérations de co-branding, comme la distribution de sacs isothermes Nutribaby aux parents qui achètent nos produits, ou des coupons de réduction sur nos légumes, pour ceux qui investissent dans un robot. »
Les Navarre sélectionnent avec soin les légumes bio qu'ils vont transformer. Ils les font livrer dans une entreprise de Boulogne-sur-Mer (62) qui sous-traite leur préparation et leur conditionnement, avec encore beaucoup de tâches manuelles, notamment pour la mise en boîte. L'opération prend, pour le moment, quinze jours par trimestre, ce qui permet de produire environ 100 000 unités de vente. L'entreprise dispose d'un local où elle peut stocker deux mois de production. Sa marque est désormais référencée par la plupart des GMS, mais aussi par les chaînes de supermarchés bio, les distributeurs de produits surgelés et certains sites Internet. Son objectif pour 2014 est de produire 150 000 à 200 000 unités de vente et de réaliser 300 000 € de chiffre d'affaires.
Un financement participatif
Le crowdfunding, ou financement participatif, est à mi-chemin entre le microcrédit et le capital risque. Il rassemble une communauté d'investisseurs autour d'une entreprise pour assurer son développement. Dans le cas des Chaises hautes, l'investissement minimum est de 2 000 €.
Bien que la société ne soit pas cotée, les investisseurs achètent des actions de l'entreprise, à 32 € pièce, qu'ils ne peuvent pas revendre avant cinq ans. Cette souscription peut leur permettre d'obtenir une réduction de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les grandes fortunes.