« Après un parcours professionnel au sein de plusieurs entreprises agroalimentaires, j'ai eu l'occasion, en 2001, de reprendre la société JC David, note Hervé Diers, son actuel président. J'ai été immédiatement séduit par le savoir-faire traditionnel de cette maison et son réseau prestigieux de brasseries et poissonneries, fidèles clients de cette affaire familiale depuis plusieurs décennies. » Commence alors une épopée où se conjugue préservation des savoir-faire et développement industriel. En 2007, alors que les ventes se développent, l'entrepreneur déménage dans les locaux des anciens Établissements Gaston Seillier à Boulogne-sur-Mer (62), qu'il rénove totalement tout en conservant les vingt fours à bois traditionnels (coresses), dont les portes en bois, doublées d'Inox à l'intérieur, sont inscrites au patrimoine culturel de la ville. « Notre procédé repose sur un fumage à basse température (moins de 28 °C) durant seize à vingt-quatre heures, soit trois fois plus longtemps qu'avec des fours modernes. Les poissons puisent de ce temps supplémentaire le parfum, le fondant et la douceur qui caractérisent les produits JC David », s'enthousiasme Hervé Diers. Une particularité et un savoir-faire qui permettent à sa société d'être labellisée Entreprise du patrimoine vivant et de voir ses poissons fumés figurer à la carte d'établissements prestigieux comme Le Bristol, Lasserre, Le Doyen, Alain Ducasse, etc.
Développer et transmettre
Depuis sa reprise par Hervé Diers, JC David connaît une croissance importante, approchant 13 % par an depuis treize ans. Pour l'exercice 2016-2017, son chiffre d'affaires avoisinera 10,3 M€. Certifiée IFS version supérieure, la société transforme 800 tonnes de produits (350 t de hareng, 350 t de haddock, 60 t de maquereaux et 30 à 40 t de saumon fumé) et investit actuellement dans vingt nouveaux fours, pour porter sa capacité à 1 200-1 300 t/an. Âgé de 66 ans, Hervé Diers pense à la transmission de sa société. « Conserver l'âme de l'entreprise tout en garantissant sa pérennité et son développement », telles étaient mes préoccupations, évoque-t-il.
Investissement à long terme
Faute de repreneur familial et refusant de vendre à un grand groupe, il choisit, après discussion avec quatre de ses salariés, de faire entrer les fonds Apicap et Jacana Invest, propriété de la famille Delachaux, à hauteur de 70 % dans son capital. « Nous partageons avec Hervé Diers et la famille Delachaux une vision commune du développement des entreprises, commente Louis Renaudin, associé gérant d'Apicap. Nous savons donner du temps aux projets et avons été séduits par la grande cohérence entre la qualité exceptionnelle des produits, la fierté des gens qui les travaillent et la forte reconnaissance des professionnels de l'alimentation et de la restauration. Jacana Invest s'inscrit dans une stratégie d'investissement à long terme ciblée sur les entreprises françaises qui fabriquent des produits avec un fort savoir-faire et capitalisant sur le label France », explique-t-il.
Nouveaux projets et partage d'expérience
- « Apicap dispose d'un réseau de spécialistes du marketing et de la distribution avec lequel je suis entré en contact, commente Hervé Diers. Ils m'ont ouvert les yeux sur l'intérêt de créer un magasin de vente - type atelier de fabrication - à Paris.
- JC David devrait également lancer un site marchand pour obtenir plus de visibilité vis-à-vis de ses acheteurs et du grand public. Hervé Diers échange avec Apicap, dans le cadre de réunions régulières, sur des points d'amélioration possibles. Une analyse de la marge par produit, en fonction du temps d'occupation des fours, va par exemple être réalisée. « Ils proposent mais n'imposent rien », se félicite le PDG.