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Publié le dimanche 07 octobre 2012 - 21h00
A la veille du Sial, Guillaume Garot présente aux lecteurs de RIA les grandes lignes de la politique qu'il compte mettre en œuvre au service du développement de l'industrie agroalimentaire française.
RIA : Vous êtes à la tête d’un nouveau ministère consacré à l’agroalimentaire. Quelles sont vos priorités ?
Guillaume Garot : Ces priorités ont été fixées par le président de la République : l’agroalimentaire doit participer au redressement économique du pays. Et je sais qu’au-delà de chiffres positifs, flatteurs : 500.000 emplois, 150 milliards de chiffre d’affaires, une contribution positive à notre balance commerciale de l’ordre de 8 milliards d’euros hors céréales, se cache une réalité beaucoup plus nuancée.
S’il existe en effet des secteurs très forts comme les vins, les spiritueux, le lait, on trouve également des poches de fragilité. Par exemple, je travaille aujourd’hui activement sur le dossier Doux, un secteur où nous importons 40 % des poulets que nous consommons. Nous savons également que certaines filières, comme le porc, nourissent quelques inquiétudes.
Sur tous ces points, je suis mobilisé. Et ma feuille de route est claire : muscler le secteur agroalimentaire de telle sorte qu’il porte une contribution positive à l’emploi, l’exportation et la croissance de notre pays. C’est un défi économique d’ampleur que nous relèverons sur le temps du quinquennat.
Mais, au-delà des aspects économiques, je souhaite relever un autre défi, le défi alimentaire : garantir à chaque Français une alimentation de qualité. C’est pour moi une exigence de justice sociale : la qualité pour tous.
RIA : Qu’entendez-vous par « la qualité pour tous » ?
Guillaume Garot : La qualité, ce n’est pas que le bio. J’ai rencontré, il y a quelques jours, le ministre russe de l’Agriculture et les députés de la Douma, dans le cadre de la récente adhésion de la Russie à l’OMC. Pour eux, la France, c’est à la fois la qualité alimentaire et la sécurité sanitaire.
Ce sont effectivement deux atouts très importants de notre pays, que nous devons conforter. Sur le dossier des OGM, par exemple, je sais nos concitoyens très inquiets. Il nous faut les rassurer. Nous devons être capables de garantir sur l’ensemble de la chaîne de production, la qualité de nos fabrications et donc la qualité de nos produits.
Cela passe par une traçabilité totale, mais peut-être également par une évolution de notre système de signes de qualité : il nous faudra mieux valoriser la qualité France.
RIA : Comment comptez-vous travailler avec les industriels sur ces différents points ?
Guillaume Garot : Nous venons de lancer, avec Stéphane Le Foll et Arnaud Montebourg, les « Rencontres régionales pour l’avenir de l’agroalimentaire ». L’idée est d’associer l’ensemble des acteurs économiques, citoyens, sociaux autour des défis que je viens d’indiquer en vue de construire ensemble une stratégie d’avenir au plus près du terrain.
Des ateliers thématiques (lire l'encadré) se dérouleront en régions, de novembre 2012 à février 2013. L’ambition est de proposer un plan d’actions pour l’agroalimentaire qui sera détaillé au printemps prochain.
RIA : De quels moyens disposerez-vous pour le mettre en œuvre ?
Guillaume Garot : Lorsque je parle de plan d’actions, il s’agit, pour chaque sujet, de définir un objectif et les moyens pour y parvenir. Dans ce cadre, l’État se dote de moyens nouveaux, en particulier la Banque publique d’investissement (BPI). Et nous veillerons à ce qu’y soit déployée une entrée par filière, de telle sorte que les entreprises de l’agroalimentaire se sentent directement concernées, considérées et accompagnées par l’action publique.
RIA : Quel sera le montant alloué à l’agroalimentaire ?
Guillaume Garot : Je laisserai le président de la République et le Premier ministre répondre à cette question.
RIA : Comment seront orientés les financements de la BPI ?
Guillaume Garot : D’abord en direction des PME, pour les accompagner dans leurs démarches d’investissement et de R&D. Notre secteur accuse, sur ce point, un retard qu’il faut rattraper. L’agroalimentaire ne consacre que 0,7 % de son chiffre d’affaires à la R&D, contre 1,3 % pour le reste de l’industrie. Il nous faut investir massivement dans la recherche et l’innovation pour créer des produits à forte valeur ajoutée.
C’est ainsi qu’on retrouvera des marges de manœuvre économiques, c’est ainsi que l’on sera meilleurs à l’exportation et que l’on pourra créer du développement et de l’emploi.
RIA : Justement, la France a perdu son rang de premier exportateur de produits agroalimentaires en 2005.
Guillaume Garot : C’est, en effet, un combat que nous devons mener. Il nous faut définir une stratégie de conquête par zone, par filière et même par produit et mobiliser nos agents pour accompagner les entreprises depuis leur territoire jusqu’au magasin des zones à conquérir. Je souhaite que, dans l’année qui vient, ce parcours d’accompagnement soit expérimenté sur une destination cible.
Mais, cette démarche doit faire droit à une logique de la demande et de l’adaptation au pays visé. Par exemple, le foie gras français ne se vend au Japon que si l’on y ajoute un agrume très apprécié des Japonais.
RIA : Autre sujet : la flambée des matières premières et les difficultés à la répercuter auprès des distributeurs. L’État a-t-il un rôle à jouer ?
Guillaume Garot : Oui. Un rôle d’impulsion et de médiation. L’accord du 3 mai 2011 [Ndlr : accord sur la répercussion de la hausse des cours des matières premières dans les filières des viandes] doit être respecté. Cela signifie que, filière par filière, le moment est venu d’engager les discussions.
Mais, au-delà de la problématique des matières premières, je considère que le partage de la valeur ajoutée au sein des filières n’est pas satisfaisant. C’est, pour moi, un impératif catégorique que, tout en protégeant le pouvoir d’achat des consommateurs, chacun puisse vivre dignement de son travail et continue à investir.
RIA : Et concernant le problème de compétitivité des IAA françaises ?
Guillaume Garot : Il y a d’abord le sujet de la compétitivité de l’industrie française dans son ensemble. Le coût du travail fait partie de cette problématique et doit être abordé sans tabou.
Mais il faut considérer l’ensemble des facteurs, y compris la « compétitivité hors coût ». Celle-ci passe, là encore, par la qualité et la sécurité alimentaire, la présence de nos entreprises à l’exportation, mais aussi par la création de davantage de valeur ajoutée.
Des efforts puissants en faveur de la R&D sont prévus, en particulier via la mobilisation du Crédit impôt recherche en faveur des PME.
Enfin, la mutation écologique voulue par le président de la République concerne aussi l’industrie agroalimentaire. Je sais les IAA prêtes à s’engager dans ce saut qualitatif et les accompagnerai dans cette direction.
Je compte donc sur les industriels pour participer au redressement économique du pays et ils peuvent compter sur moi pour les accompagner dans cette démarche.
Rencontres régionales pour l'avenir de l'agroalimentaire : les sept thèmes préidentifiés
1. Répondre aux attentes des consommateurs et de la société en matière de qualité, de traçabilité et de proximité de la production, en prenant en compte l'enjeu environnemental.
2. Aider à l'innovation et à la protection de la propriété intellectuelle. Favoriser la R&D au travers des pôles de compétitivité et en facilitant l'accès des entreprises aux dispositifs existants.
3. Encourager les projets et faciliter leur financement au travers de dispositifs privés ou publics, notamment la future BPI.
4. Développer l'emploi et accroître l'attractivité des métiers en adaptant les formations et en améliorant les conditions de travail.
5. Stimuler la compétitivité des entreprises sur tous les marchés.
6. Moderniser les relations commerciales et contribuer à leur équilibre entre les acteurs.
7. Soutenir l'émergence de stratégies collectives de filières et de projets collaboratifs.
Vendredi 17 novembre 2017
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