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Chronique de l'année 2014

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Publié le vendredi 09 janvier 2015 - 11h44


Comparée à une année 2013 marquée par le scandale du "horsegate" et la "révolte des bonnets rouges", 2014 apparaît comme une année plutôt calme quand on en dresse la rétrospective. On en retiendra surtout que la déflation, dont le spectre menaçait déjà depuis plusieurs années, s'est installée sur le marché alimentaire, si ce n'est dans l'ensemble de l'économie. Le phénomène doit beaucoup à l'intensification de la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes de grande distribution. L'adoption de la loi Hamon ne l'a pas, pour l'heure, endiguée. Et les distributeurs ont même choisi de renforcer leurs armes en massifiant leurs achats, au moins pour les grandes marques, avec les alliances passées entre Auchan et Système U, puis Intermarché et Casino, et tout récemment entre Carrefour et Cora.


Du côté des industries agroalimentaires, on a pu observer une nette accélération du rythme des opérations interentreprises en France. Mais seulement quatre d'entre elles ont porté sur des volumes d'affaires importants (supérieurs à 150 millions d'euros de chiffre d'affaires) : la prise de contrôle de Neuhauser par Soufflet, le partage de Labeyrie réalisé par Lur Berri avec PAI Partners, le rachat de Meralliance par Thai Union Frozen Products (déjà propriétaire de Petit Navire) et celui de la branche volailles de Glon Sanders (Sofiprotéol) par le groupe LDC.

On note également la poursuite de la construction de quelques groupes de taille intermédiaire, comme Léa Nature qui, avec la prise de contrôle de 70 % d'Alpha Nutrition et d'Ekibio, pèse désormais 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ou l'acquisition du Petit Basque par Sill Entreprises, qui dépasse ainsi les 400 millions. Philippe Wagner a repris les rênes d'André Bazin, cédée trois ans plus tôt. Nutrisens (ex-Edé Ruy) a acquis Les Repas Santé. Et en reprenant Plancoët à Nestlé Waters France, Semo compte désormais trois eaux avec Ogeu et Saint-Lambert.


Côté coopératives, les rapprochements se sont poursuivis, mais dans une proportion moindre que l'année précédente. Terrena a absorbé Val Nantais et se diversifie ainsi dans les légumes. Eurial a fusionné avec Valcrest, en attendant son alliance avec Agrial et Coralis, tandis que le rapprochement d'Agrial avec Les Maîtres Laitiers du Cotentin est également envisagé. Mais si la Cavac a pris 51 % de Bioporc, Even a cédé Le Clézio à son directeur général et TDI à la SMV et, surtout, Terrena a ouvert 49 % d'Elivia à l'irlandais Dawn Meats.

2014 a moins subi de défaillances majeures d'entreprises ou d'actions de restructuration que 2013 et quelques opérations ont tenté d'apporter une solution à des situations proches de l'impasse. Les deux cas les plus emblématiques ont été Gad, finalement reprise par la filiale d'Intermarché SVA Jean Rozé (qui avait également racheté Holvia Porc), et Tilly-Sabco, "sauvée" par le britannique MS Foods avec Breizh Algae Invest et la chambre de commerce et d'industrie de Morlaix. De même, La Lauragaise, nouvelle identité de Spanghero, a rejoint CA Holding et la biscuiterie Jeannette va être relancée par l'industriel Georges Viana. Ce dernier cas illustre la persévérance de certains salariés à maintenir coûte que coûte l'activité de leur site. Ceux de Fralib Gémenos sont parvenus à arracher un accord à Unilever, tandis que le site Pilpa de Carcassonne a été revitalisé, sous forme de Scop également. Ce que ne sont pas parvenus à réaliser d'anciens cadres de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau.

Mais d'autres opérations de sauvetage ont pu être réalisées : Continentale Nutrition reprise par le fonds Alandia, tandis que sa filiale Villeneuve Pet Foods était récupérée par l'allemand Deuerer, ATM par le belge Depré ou Le Cabanon par le portugais Unitom. Enfin, quelques usines arrêtées ou menacées ont connu un nouveau destin, comme celle de Fraisnor avec JB Viande, les deux sites bretons de Jean Caby avec la Financière Turenne Lafayette, l'usine Allis de Falaise avec Frial, celle d'Euralis à Saint-Agathon avec Guyader ou, encore, Panavi Saint-Auvent avec Gelpat.

A l'international, les opérations d'envergure ont également été assez limitées. Le japonais Suntory a repris l'américain Beam, se hissant au troisième rang mondial des spiritueux. AB InBev a acquis le coréen Oriental Brewery, en attendant peut-être une OPA sur SABMiller. Procter & Gamble a cédé sa division petfood au groupe Mars. Le turc Yildiz a pris le contrôle d'United Biscuit, détenteur notamment des marques françaises BN et Delacre. Mondelez prépare l'alliance de sa division café avec DEMB. Au niveau européen, on notera la fusion entre les belges Ardo et Dujardin, dans les légumes surgelés, ou la reprise des pâtes italiennes Garofalo par l'espagnol Ebro Foods.

Les entreprises françaises ont maintenu leur développement international, mais sans changer de braquet pour autant. Lactalis reste moteur en la matière : installation en Inde avec la reprise de Tirumala Milk Products et reprise des actifs laitiers de Brasil Foods. InVivo se développe dans le petfood à l'international en rachetant le brésilien Total Alimentos. Détenue par le japonais Otsuka, Nutrition & Santé a repris Jasmine, au Brésil également. Enfin, LDC a poursuivi son développement en Pologne avec l'acquisition de Drop et l'Européenne des Desserts a repris The Handmade Cake au Royaume-Uni. Au-delà des acquisitions, quelques Français continuent d'investir industriellement à l'étranger : Bonduelle a acquis une usine de surgelés dans l'Ouest canadien, tandis que MOM a ouvert une seconde unité aux Etats-Unis, où Bel vient d'en inaugurer une troisième. Et Brioche Pasquier prépare la mise en service d'une seconde usine au Royaume-Uni.

Mais, comme sa concentration sur le marché national, l'internationalisation de l'agroalimentaire français reste sans doute insuffisante. D'autant que le déclin des exportations de produits transformés, entamé fin 2013, s'est poursuivi en 2014. L'impact de l'embargo russe décrété cet été sur certains produits n'a pas encore été quantifié. Toutefois, les différents leviers de la croissance ont souffert l'an dernier, en sorte qu'il est probable que 2014 n'occupera pas une place de choix dans les annales de l'agroalimentaire français.

Bonne année 2015 à tous nos lecteurs !

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