Comment six entreprises orléanaises forment leurs conducteurs de ligne

CHEZ ANTARTIC Depuis deux ans dans la société, Julien Llorente a passé son examen de conducteur d'installation de machines automatisées le 28 septembre. Sa tutrice, Catherine Sanchez, l'a préparé à l'épreuve de maintenance. AUDE RICHARD

« Entre la pharmacie, la cosmétique, et l'agroalimentaire, le bassin orléanais est riche en industries. Ce qui pose des problèmes de recrutement, notamment sur des postes spécialisés comme la conduite de ligne ou la maintenance », explique Manuel Machado, directeur d'Antartic, principal fournisseur de boissons pour le groupe Intermarché. Avant d'ajouter : « Avec six autres entreprises agroalimentaires, nous nous sommes donc rassemblées, avec le soutien de l'Ariac (1), pour créer une formation adaptée à nos besoins ».

Cargill, Tereos, la Laiterie de St-Denisde-l'Hôtel, les Crudettes, Antartic et FDL Chocolat ont construit un programme de formation, nommé AgroForm. Leur but : former quinze stagiaires au métier de pilote de machines automatisées. « Nous avons déjà des formations internes ou avec des agences d'intérim pour ces métiers. Mais cela ne suffit pas. Les machines sont de plus en plus complexes, il faut une formation solide », insiste Manuel Machado, président de l'Ariac. « Je suis d'accord pour que l'entreprise soit un acteur de la formation tout au long de la vie, mais ce n'est pas à nous d'inculquer les bases ».

Le plus difficile dans la mise en oeuvre de cette formation a été de trouver des entreprises souhaitant recruter en même temps, mais également, des stagiaires motivés. En 2010, la première session d'AgroForm n'a pas eu lieu faute d'un effectif suffisant. Débutée en décembre, la formation réunit demandeurs d'emplois et salariés des entreprises agroalimentaires. C'est le cas de Julien Llorente. Arrivé depuis deux ans chez Antartic, avec un Bac pro en horticulture et paysage, il a souhaité se former à son nouveau métier. « Un conducteur de ligne doit pouvoir régler les aléas, sans forcément appeler le technicien de maintenance. Sans qualification, j'étais perdu au milieu des automates, des capteurs, etc. ».

Une formation en alternance

Jusque fin septembre, les stagiaires alternent les cours, au lycée privé Sainte Croix - Saint Euverte d'Orléans et la pratique en entreprise, deux-tiers du temps. Le programme a été élaboré entre les industriels et les professeurs, anciens salariés de l'agroalimentaire pour la majorité. Au lycée, la formation est axée autour de matières générales et de matières techniques comme l'électricité, la pneumatique, la maintenance générale, la qualité et l'hygiène, la gestion de la production... En entreprise, le stagiaire est suivi par un tuteur. Chez Antartic, C'est Catherine Sanchez, en poste depuis treize ans, qui s'occupe de Julien. Elle a suivi deux jours de formation au lycée d'Orléans sur son rôle de tutrice et sur la pédagogie. « Nous sommes toujours ensemble pour faire tourner la ligne. Je lui apprends à gérer les approvisionnements, à communiquer avec les autres services, à se maîtriser... C'est très enrichissant de transmettre son savoir-faire ». Résultat, au bout de dix mois, Julien est plus automne et comprend mieux les mécanismes de la chaîne. « Il a aussi mûri et pris confiance en lui. Maintenant, il prend le temps d'analyser les choses », insiste Catherine. Son diplôme en poche, Julien pourra évoluer au sein d'Antartic... ou postuler dans une autre entreprise.

<i>(1) Association régionale des industries agroalimentaires du Centre.</i>