Comment Saint-Michel a intégré la prévention des risques professionnels

SIMULATION DES LIGNES Avant d'aménager les postes de fin de ligne, le service technique de Saint-Michel Contres propose aux opérateurs de tester sur maquette les nouveaux gestes et postures.

« Un faisceau d'éléments nous poussait à entamer une démarche d'aménagement des postes : le CHSCT, l'augmentation des demandes de prises en charge à la suite de maladies professionnelles, principalement des troubles musculo-squelettiques des membres supérieurs, une réflexion des ressources humaines sur l'accord sénior et le projet de l'entreprise avec un axe sur le collaborateur et le bien-être au travail », expose Céline Pécourt, responsable sécurité environnement chez Saint-Michel Contres. Aussi, l'invitation à participer à une action collective sur la prévention des risques professionnels de l'Ariac tombait à point nommé. Saint-Michel a ainsi bénéficié gratuitement de journées de diagnostic et d'accompagnement des préventeurs et ergonomes de l'Aract et de la Carsat.

Focaliser sur un micro-projet

Céline Pécourt résume la démarche : « En 2009, à l'issue de la réunion d'informations, nous avions tous les arguments pour convaincre la direction de notre participation. Volontairement, nous avons limité le champ d'intervention à une seule ligne. » La ligne a été choisie parce qu'elle était ciblée par le CHSCT, qu'elle n'est pas automatisable à cause du nombre de formats mais aussi car elle accueille prioritairement des personnes en restriction d'aptitude.

Après les constatations des ergonomes, le groupe de travail a identifié des solutions classiques : multiplication des options de réglage du poste de travail, des repose-pieds, position alternée assis/debout... et a proposé des aménagements ergonomiques. Une maquette est construite avec des postes face à la ligne et non plus de côté, avec des plans inclinés pour former et remplir les cartons... Mais ce n'est qu'en 2012 que la ligne est réaménagée. Que s'est-il passé ?

Une aventure humaine

La vie d'une entreprise n'est pas un long fleuve tranquille. Trois directeurs d'usine se succèdent entre 2009 et 2012. Pour les nouvelles directions, l'investissement n'est plus prioritaire. « L'implication de la direction est primordiale ; or, souvent, elle dépend du parcours et de l'expérience du dirigeant », souligne Cécile Pasquet, ergonome de la Carsat Centre.

Mais compte tenu des efforts déjà engagés, il fallait aboutir. La médecine du travail s'implique alors et intervient auprès des salariés pour faire reconnaître leur handicap. Grâce à cela, mi-2011, la Sameth, le service d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés de l'Agefiph, soutient le projet avec une subvention de 27 % du montant.

L'impact de la concrétisation

Avant l'installation, le service technique fait tester sa création aux opérateurs et l'ajuste en fonction de leurs remarques avant d'installer la ligne. « À partir de là, la technique a eu la preuve concrète que l'on pouvait construire des machines adaptées à l'homme sans perte de productivité. Maintenant, la sécurité est intégrée dès la conception, une discussion s'instaure pour trouver un compromis entre qualité, sécurité et production », souligne Céline Pécourt.

En outre, Saint-Michel Contres remplit ses obligations d'emploi de personnes handicapées, les demandes de prise en charge sont stables et le retour à l'emploi des personnes à restriction médicale perturbe moins l'organisation de la production, le dialogue social s'est amélioré. Enfin, la démarche est actuellement déployée à l'ensemble du groupe. Peu importe les raisons qui poussent les entreprises à initier une démarche de prévention des risques, à la fin tout le monde y gagne.