RIA, la revue de l'industrie agroalimentaire
Mercredi 15 mai 2024
Rechercher

Article

    QUESTION DE MANAGEMENT

    Comment Lobodis travaille autrement avec 25 personnes handicapées

    FRANÇOISE FOUCHER - RIA - n°744 - avril 2013 - page 71

    Depuis 1994, l'atelier de torréfaction de Lobodis est installé dans l'Esat de Bain-de-Bretagne (35). Aujourd'hui, 25 travailleurs handicapés y produisent quelque 3 millions de paquets de café par an.
    ÉQUIPE Yves (à droite), maître torréfacteur, est entouré de Frédéric Lerebour, Franck Delalande, de Lobodis, et de son responsable d'atelier, Roger Simon.

    ÉQUIPE Yves (à droite), maître torréfacteur, est entouré de Frédéric Lerebour, Franck Delalande, de Lobodis, et de son responsable d'atelier, Roger Simon.

    Valérie accueille les visiteurs de l'atelier de torréfaction de Lobodis, avec volubilité ; tandis que Sonia déambule entre les palettes d'un air très affairé. Bienvenue à l'Esat Notre Avenir de Bain-de-Bretagne, où Lobodis a installé son atelier de fabrication depuis 19 ans. « Le but d'un Établissement et service d'aide par le travail est de fournir une activité professionnelle à des handicapés, présente Yves Thébault, le directeur de l'Esat. Notre objectif est de leur permettre de s'épanouir et de leur apporter un soutien médicosocial ». « L'homme est au coeur de notre démarche, revendique Frédéric Lerebour, directeur des opérations de Lobodis. L'Esat accueille des personnes handicapées, nous nous adaptons pour leur rendre le travail possible. Ici, nous ne recrutons pas un conducteur de ligne, un opérateur à la qualité ou à l'emballage : nous adaptons notre process au public de l'établissement. »

    Un process adapté

    Yves est le maître-torréfacteur de Lobodis ; il est l'un des travailleurs handicapés de l'Esat. Chaque matin, son responsable d'atelier, Roger Simon, lui prépare sa feuille de travail. « Yves est très autonome », commente-t-il. Avant d'assumer cette fonction hautement stratégique, Yves avait travaillé dans plusieurs ateliers de l'Esat – espaces verts, restauration, manutention, etc. –, avant de trouver sa voie dans la torréfaction. « Avec ce chariot, je vais chercher les sacs dont j'ai besoin, c'est écrit sur ma feuille là, montre-t-il. Ensuite je pèse 100 kg.

    Précisément. Et quand la lumière est verte, j'ouvre la trappe : les grains partent dans le torréfacteur. » Il a également en charge des mesures et analyses du suivi de la fabrication et note scrupuleusement chaque lot de 100 kg expédié vers l'odorante machine. Le torréfacteur et les trois lignes d'ensachage sont sous la responsabilité des deux moniteurs, qui assurent également leur maintenance. La majorité des 25 salariés s'occupe de la mise en carton : autour d'une table, au rythme tranquille des arrivées de paquets de 250 g, certains forment des cartons – « Sans colle ni scotch, c'est beaucoup plus simple et, en plus, c'est écologique » –, d'autres collent des étiquettes ou érigent les palettes. À l'écart, deux personnes pèsent et reportent des références de lot et des résultats d'analyses sur des fiches colorées : « C'est le contrôle qualité, un poste où les salariés alternent, car c'est une fonction très valorisante. » Lobodis a fait le choix de travailler avec l'Esat de Bain-de-Bretagne dès sa création, en 1994 : « C'est un véritable partage de compétences, explique Franck Delalande, le directeur général de Lobodis. Nous maîtrisons les opérations stratégiques, l'achat des matières premières et le contrôle des procédés, mais la mise en oeuvre est gérée au quotidien par l'Esat. C'est complexe, cela peut être considéré comme risqué, mais nous travaillons en totale transparence : ils investissent sur nos conseils technologiques, quand nous avons les marchés qui permettent un retour sur investissement. » Ce fonctionnement n'empêche pas la mise en place de normes de qualité, notamment l'IFS, pour laquelle Lobodis attend son audit. La rémunération se fait sous la forme d'une prestation de services. « Notre coût de revient est connecté à la réalité du marché, ce qui permet à ce partenariat d'être intéressant pour les deux parties. » « Notre vocation sociale s'accorde avec la volonté de Lobodis d'entretenir des relations éthiques avec ses producteurs, conclut Yves Thébault. Nous sommes les maillons d'une même chaîne de solidarité. »

    Une obligation légale ? Un partenariat !

    Obligation légale. Les employeurs de plus de 20 salariés sont soumis à l'obligation d'employer des travailleurs handicapés à hauteur d'au moins 6 % de l'effectif total de leurs salariés.

    Dispense partielle et exonération. Les entreprises qui soustraitent une partie de leur activité à un Esat sont exonérées d'une partie de cette obligation. Cette dispense partielle d'obligation d'emploi ne peut être supérieure à la moitié du pourcentage légal, soit 3 %.

    Partenariat. « Cette exonération ne peut constituer la seule motivation. Pour que le partenariat fonctionne avec l'Esat de manière durable, il ne faut pas le limiter à une simple sous-traitance », estiment, de leur côté, Frédéric Lerebour et Franck Delalande, qui parlent de l'atelier de l'Esat comme de « leur outil de production ». D'ailleurs, Lobodis, avec ses 18 salariés, n'est pas soumis à cette obligation légale d'embauche.

    Pop in
    En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez l’utilisation de cookies afin de nous permettre d’améliorer votre expérience utilisateur. En savoir plus et paramétrer les traceurs. OK