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    QUESTION DE MANAGEMENT

    Pourquoi Hénaff adapte sa gouvernance

    FRANÇOISE FOUCHER - RIA - n°746 - juin 2013 - page 75

    Pour mieux intégrer ses nouveaux actionnaires familiaux, toujours plus nombreux à chaque génération, Hénaff a fait évoluer sa gouvernance et a adopté un nouveau statut juridique.
    LOÏC HÉNAFF « Le changement de gouvernance a été conçu pour pouvoir accueillir les nouveaux actionnaires tout en faisant évoluer naturellement l'entreprise dans ses structures opérationnelles. ».

    LOÏC HÉNAFF « Le changement de gouvernance a été conçu pour pouvoir accueillir les nouveaux actionnaires tout en faisant évoluer naturellement l'entreprise dans ses structures opérationnelles. ».

    « Mon père a été Pdg pendant près de quarante ans, mais ses compétences ne s'héritent pas : on ne peut pas remplacer une personne à une fonction simplement en adoptant un membre de la nouvelle génération. » Loïc Hénaff, président de l'opérationnel au sein du nouveau directoire de Jean Hénaff SA analyse avec beaucoup de réalisme l'enjeu qui s'est posé à l'entreprise finistérienne à l'heure du renouvellement des générations. Il y a quelques mois, Hénaff, société anonyme à conseil d'administration, est devenue une SA à directoire avec conseil de surveillance. « À 106 ans, l'entreprise est toujours majoritairement détenue par la famille, retrace-til. Au fur et à mesure des générations, le nombre d'actionnaires familiaux a augmenté ». Avec la quatrième voire la cinquième génération, une dizaine de nouvelles personnes sont devenues actionnaires.

    Direction opérationnelle efficace

    Il aurait fallu faire entrer beaucoup d'administrateurs pour intégrer ces nouveaux actionnaires, avec le risque de complexifier les prises de décision. D'autant, qu'avec le temps, ces nouveaux entrants sont parfois éloignés géographiquement et moins impliqués dans l'activité de la société. « Il nous fallait adopter une nouvelle gouvernance pour intégrer au mieux les actionnaires tout en assurant une direction opérationnelle efficace à l'entreprise. » Hénaff s'est engagé dans ce processus il y a six ans, à l'occasion de son centenaire. La première étape a été de professionnaliser l'organisation générale de la société jusque dans son conseil d'administration. Celui-ci a donc intégré des administrateurs indépendants (1), qui ne font ni partie de la famille, ni des actionnaires financiers. Un nouveau directoire a été mis en place. Il est formé de trois professionnels de l'entreprise, recrutés pour leurs compétences : le directeur commercial, le directeur industriel et le président de l'opérationnel – qui se trouve être Loïc Hénaff, sans que ce lien familial soit ici recherché. En complément, l'entreprise dispose d'un comité de direction de 7 personnes, incluant les trois membres du directoire. Sur ces sept, une seule était présente dans le comité de direction originel, en 2007. « Ce renouvellement traduit aussi le saut de génération qui s'est opéré au niveau opérationnel. » Le conseil d'administration comptait 4 membres avant la restructuration ; aujourd'hui le conseil de surveillance compte 9 personnes, qui n'assument aucune fonction dans l'entreprise. « La famille est aujourd'hui naturellement plus éloignée du quotidien de l'entreprise, mais cela a été anticipé par la mise en place du conseil de surveillance, reconnaît Loïc Hénaff. Cette instance n'a pas d'incidence sur le quotidien de l'entreprise, elle supervise les grands axes de développement et analyse les risques. L'opérationnel de l'entreprise est, lui, assumé par des gens compétents présents au quotidien. « La création du directoire a permis d'impliquer encore plus cette équipe très compétente », se félicite Loïc Hénaff. « Aujourd'hui, la responsabilisation de la direction est plus forte car elle repose sur les trois membres du directoire, conclut Loïc Hénaff qui assumait auparavant seul cette responsabilité au titre de directeur général. La structure est désormais adaptée pour faire face aux changements de générations à la fois aux plans opérationnel et administratif. Finalement, c'est l'évolution naturelle de la société qui nous a amenés à changer de gouvernance et de statut. Le changement de statut juridique n'est que la traduction de cette évolution. »

    <i>(1) Les administrateurs missionnés par Hénaff font partie de l'Association des administrateurs professionnels, Apia.</i>

    Les clefs de la réussite

    Le facteur temps. Le processus de changement de gouvernance a duré six ans : le temps de recruter les personnes clefs, de donner envie aux nouvelles générations de s'intéresser à l'entreprise. « Il faut laisser du temps à ceux qui arrivent mais aussi à ceux qui partent. Il faut respecter les rythmes naturels des carrières et des implications de chacun, ne pas brusquer les choses, ce qui pourrait provoquer une résistance au changement alors qu'il n'y a pas d'intérêt particulier à aller vite », estime Loïc Hénaff.

    Le regard extérieur. « Le rôle des administrateurs indépendants est primordial. Nous en avions missionné un dès 2007, puis un deuxième en 2011, explique Loïc Hénaff. Leur regard extérieur et leur absence d'affect vis-à-vis de notre structure familiale a été un facteur essentiel de réussite. Certes, chaque société est différente mais il ne faut pas rechercher une gouvernance trop atypique. Mieux vaut adopter un schéma simple et éprouvé. »

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