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    QUESTION DE MANAGEMENT

    Comment Entremont est redevenue une entreprise profitable

    ISABELLE DULAU - RIA - n°754 - mars 2014 - page 77

    En janvier 2011, Sodiaal rachète Entremont et lance, dès le mois d'avril, le projet Cap 13 pour redresser la fromagerie. Avec de l'organisation et l'implication du personnel, Entremont est de nouveau bénéficiaire.
    FRANÇOIS BOUDON Directeur général d'Entremont.

    FRANÇOIS BOUDON Directeur général d'Entremont.

    «Nous avons juste fait notre travail, nous ne sommes rien de plus qu'une entreprise normale », observe François Boudon, directeur général d'Entremont, au regard des résultats obtenus au terme du projet Cap 13. Finis les 18 M€ de pertes de 2010, Entremont renoue, dès 2012, avec des résultats positifs, qualifiés par le Dg de : « conformes aux résultats d'une fromagerie industrielle normale ». La production est en hausse de 26 000 t, avec en parallèle une baisse de la consommation d'énergie de 10 % et une empreinte carbone réduite de 14 %. Au sein de Cap 13, le projet d'amélioration de la productivité Montblanc reposait sur plusieurs axes.

    Maîtriser ce qui peut être contrôlé

    En premier lieu, Entremont s'est doté d'un nouveau schéma directeur industriel, les sites ont été spécialisés : emmental à Malestroit (56), cheddar à Quimper (29), pâte pressée non cuite à Loudéac (22), pâtes pressées cuites et non cuites à Velay (43)… De fait, un atelier a dû être fermé à Carhaix (29), une activité transférée de l'Ain vers la Haute-Savoie sur le site de Sainte-Catherine. « 60 % du personnel a pu être réintégré sur d'autres sites », précise François Boudon. En outre, de cette réorganisation industrielle ont découlé des économies logistiques. D'un point de vue opérationnel, une démarche Lean a été déployée : les flux ont été analysés, la planification et les séries optimisées. Un suivi du TRS (taux de rendement synthétique) a été instauré pour optimiser la fabrication et le conditionnement. D'autre part, chaque année 15 M€ ont été investis pour remettre à niveau les usines et disposer d'équipements plus sobres énergiquement. Conjointement, le développement commercial de la marque a été intensifié : campagne publicitaire, différenciation, innovation. Les volumes à l'export ont ainsi progressé de plus de 30 points pour atteindre 42 % des ventes. « Nous avons atteint les objectifs de performance en 2013 grâce à la formation, de la méthode, des démarches préventives et l'implication du personnel. Sans oublier le rendement matière qui reste un fondamental dans notre métier. Le lait pèse 80 % du prix de revient, et ses fluctuations sont fortes et imprévisibles, autant contrôler ce qui dépend de nous : qualité, productivité et délais », commente François Boudon.

    Préparer l'avenir

    Pour assurer le pilotage du projet, outre le directeur des opérations et un directeur d'usine qui intervenaient transversalement, quelques jeunes ingénieurs ont été recrutés. « À la reprise, nous avions constaté que la courbe des âges était déséquilibrée. Le projet a été l'occasion de créer une pépinière. Nous avons recruté 68 apprentis en deux ans, de bac + 2 à ingénieur ». Une façon de préparer l'avenir tout comme l'est le nouveau projet Magellan (2014-2016) qui doit permettre à Entremont de progresser sur ses fondamentaux et partir à la conquête de marchés hors Europe. Magellan appartient à la vision stratégique plus large « Sodiaal 2020 », pour préparer l'après-quotas laitiers.

    Conforter les acquis

    Pérenniser la performance est, en soi, un défi.

    « Courir vite une fois c'est bien, mais si c'est pour s'asphyxier la seconde. Aucun intérêt ! » illustre François Boudon, Dg d'Entremont. « Chaque étape doit être acquise, tous les ingrédients doivent être là pour mettre la cale et ne pas partir en arrière. Il faut démontrer qu'on a eu raison, que le travail est plus efficace par la méthode d'organisation qu'on a choisie. »

    Les cales d'Entremont ? C'est s'assurer de l'implication de tous, que la méthode est comprise, d'avoir une communication adéquate, un suivi et une analyse mensuels des performances.

    REPÈRES

    Production : 180 000 t de fromages.

    Nombre de site : 11 sites industriels en France et un en Europe.

    Salariés : 2 300.

    Chiffre d'affaires : supérieur à 800 M€.

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