Pour la famille Oberti, qui a créé sa société de salaisonnerie en 1956, à Lacaune (Tarn), faire travailler des personnes en situation de handicap a toujours été une évidence. « C'est important pour nous, confie Didier Oberti, le PDG. Nous pensons que cela fait partie des responsabilités de l'entreprise. Trois personnes reconnues par la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH), ex-Cotorep, font partie de notre effectif. »
Des aides pour adapter les postes
Deux des salariés, présents depuis quinze et vingt ans, ont fait l'objet d'une adaptation de poste, en adéquation avec la modification de leur état de santé. La première, qui travaille au désossage des jambons secs, devait fréquemment se baisser pour attraper et reposer les pièces dans des bacs. Mais à la suite d'un accident du travail, ces mouvements lui provoquaient d'importants maux de dos et lui étaient devenus impossibles.
Pour résoudre le problème, l'entreprise a acheté un chariot élévateur qui lui permet d'adapter la hauteur des bacs et de son plan de travail, et de se déplacer dans le bâtiment. « C'est une solution très simple qui maintient facilement un salarié dans son emploi », souligne Didier Oberti.
Le deuxième salarié, chargé de suspendre des barres à saucisses pour les faire sécher, avait du mal à lever le bras. Un « handicap » lié à l'usure du temps. Son poste a alors été agencé différemment et un bras automatique a été conçu, spécialement pour l'entreprise, pour soulever cette charge à sa place. « C'est un vrai progrès pour l'entreprise, reconnaît le PDG. Lorsque cette personne ne travaille pas, celle qui la remplace utilise aussi le bras automatique. La tâche est grandement facilitée. » Ces deux investissements dans du matériel spécifique ont été pris en charge à hauteur d'environ 40 % par l'Agefiph (fonds pour l'insertion des personnes handicapées), dans le cadre de ses aides techniques. Enfin, le troisième salarié, légèrement déficient mental et auditif, a été embauché, il y a six ans, pour effectuer des travaux de manutention et de nettoyage.
L'entreprise, dont l'effectif est d'une cinquantaine de personnes, remplit ainsi son obligation de compter au moins 6 % de personnes handicapées, imposée par la loi du 10 juillet 1987.
Des équivalents bénéficiaires
Mais son engagement ne s'arrête pas là. Elle fait aussi appel à deux ESAT (établissements et services d'aide par le travail), situés à proximité, qui font travailler des personnes handicapées en milieu protégé, celui de Viane (Tarn), pour l'entretien de ses espaces verts, et celui de La Salvetat-sur-Agout (Hérault), pour la fabrication de meubles présentoirs en bois peint. Elle achète également des fournitures de bureau et des produits d'entretien fabriqués par des entreprises adaptées, qui emploient aussi des travailleurs handicapés. « Faire appel à ce type de structures permet d'inclure la main-d'oeuvre à notre obligation d'emploi, pour atteindre le taux imposé, précise Didier Oberti. Nous dépassons donc les 6 %, mais c'est une sécurité pour nous, car notre effectif est parfois supérieur à cinquante salariés en été. »
Un taux de travailleurs handicapés très bas dans l'agroalimentaire
- Selon une étude réalisée en 2012 par Observia (Observatoire des métiers des industries alimentaires), 60 % des IAA emploient des personnes handicapées, mais le taux d'emploi n'est que de 2,62 %. Avec la crise et la hausse du chômage, il est peu probable que celui-ci ait augmenté depuis.
- Seuls sept secteurs affichent un taux d'emploi supérieur à 3 %, notamment les fabricants de beurre (3,61 %) et de produits amylacés (3,34 %). En queue de peloton, se trouvent les entreprises de cuisson de produits de boulangerie (1,22 %). La plus forte progression est réalisée par le commerce en gros de produits à base de viande, qui est passé de 1,15 % à 2,34 % entre 2008 et 2010.
- 14 % des IAA ne font travailler aucune personne handicapée et versent une contribution annuelle à l'Agefiph. En 2014, celle-ci était de 3 812 € par bénéficiaire manquant pour les entreprises de 20 à 199 salariés ; de 4 765 € pour les 200 à 749 salariés ; 5 718 € pour les 750 salariés et plus ; et de 14 295 € pour les entreprises n'ayant engagé aucune action en faveur des travailleurs handicapés.