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    Actualité des IAA - Management

    Comment Metarom a signé un accord de pénibilité au travail

    BLANDINE CAILLIEZ - RIA - n°769 - juillet 2015 - page 67

    Le fabricant d'arômes et de caramels a travaillé pendant dix-huit mois à améliorer les conditions de travail dans sa filiale française d'Amiens, avant de signer un accord collectif.
    ERGONOMIE DES POSTES Damien Letellier (à droite), directeur adjoint de Metarom France, et Jacky Yollent, chef de l'atelier poudre caramel. Des améliorations ont déjà porté sur l'ergonomie lors de l'investissement dans cette nouvelle cuve de fabrication de caramel.

    ERGONOMIE DES POSTES Damien Letellier (à droite), directeur adjoint de Metarom France, et Jacky Yollent, chef de l'atelier poudre caramel. Des améliorations ont déjà porté sur l'ergonomie lors de l'investissement dans cette nouvelle cuve de fabrication de caramel.

    Beaucoup d'entreprises se sont intéressées ces derniers mois à la pénibilité du travail pour les salariés, mais peu d'entre elles sont allées au bout de la démarche. Metarom France fait partie des exceptions. La filiale, implantée à Amiens, dans la Somme, a en effet signé un accord collectif de pénibilité le 11 mars 2015.

    « Nous avons toujours cherché à construire à partir des évolutions de la réglementation, à sortir par le haut des contraintes, explique Damien Letellier, directeur adjoint Metarom France et DRH. Jusqu'en 2013, notre politique de sécurité et de prévention des risques était encore trop parcellaire. La prise en compte de la pénibilité au travail nous a poussés à la remettre au centre de notre projet d'entreprise et à en faire un levier pour le changement. »

    Cette réflexion a d'abord conduit à la création, au sein de l'entreprise, d'un pôle qualité-hygiène-sécurité-environnement, et au recrutement de sa responsable, Claudine Martin. En engageant la démarche, les dirigeants de Metarom France souhaitaient également rompre avec un historique où les salariés avaient l'impression de ne pas être écoutés, instaurer une vraie communauté d'échanges sur l'amélioration des conditions de travail et développer des relations entre les services.

    La technique des regards croisés

    La démarche a commencé au milieu de l'année 2013. « Nous avons travaillé avec un cabinet spécialisé, Métroergo, en impliquant une vingtaine des 130 salariés du site, indique Damien Letellier. La Carsat* d'Amiens nous a aussi beaucoup aidés. Nous sommes partis de l'examen de la situation existante à partir d'analyses techniques et physiologiques des contraintes au travail des 72 métiers identifiés sur le site. Les collaborateurs associés à l'opération ont suivi une formation. Ils ont ensuite observé en binômes la façon de travailler de leurs collègues et les ont interrogés, selon la technique des regards croisés. »

    Un travail de dix-huit mois

    « Ce travail, qui s'est échelonné sur dix-huit mois, n'a pas été facile, car le cadre législatif n'était pas arrêté. Durant cette période, les seuils, rien que pour le facteur port de charge, ont été modifiés plusieurs fois ! souligne le directeur adjoint. La démarche nous a coûté 134 000 €, coûts internes compris, mais elle a été extrêmement positive. Tous les salariés ont été écoutés et pu faire part de pistes d'amélioration possibles. »

    Au final, Metarom France n'est concerné par aucun des quatre facteurs de pénibilité qui doivent être pris en compte par la législation en 2015, mais a identifié trois facteurs à intégrer au 1er janvier 2016 : le bruit, le port de charge et les postures pénibles. « Notre objectif n'est pas d'indemniser ou d'accorder un repos supplémentaire aux salariés concernés, mais bien d'apporter les améliorations nécessaires pour supprimer ces facteurs, ajoute Claudine Martin. Nous avons déjà amoindri l'impact du bruit par le port de bouchons d'oreilles dans les ateliers sensibles.Nous avons également revu l'ergonomie des postes lors de l'investissement dans une nouvelle cuve à caramel, pour limiter au maximum le port de charges de plus de 10 kg. » D'autres améliorations sont en cours.

    *Caisse d'assurance-retraite et de la santé au travail.

    Une démarche qui implique fortement les salariés

    - Analyses techniques et physiologiques des contraintes au travail selon dix items : posture, port de charge, bruit, chaleur, vibrations, rythme cardiaque... et formation d'une vingtaine de salariés.

    - Regroupement des salariés en binômes de deux collaborateurs de services différents. En binômes, ils ont regardé travailler leurs collègues dans les différents ateliers et bureaux et les ont par la suite audités.

    - Mise en commun des résultats. Identification des facteurs de pénibilité et des pistes d'amélioration possibles. Résumé de l'ensemble de ces éléments dans l'accord signé par les salariés, Céline Hocquet, la directrice de Metarom France, et le syndicat CGT.

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