« Nous avons déjà eu des échanges avec de nombreuses entreprises régionales comme Antartic, Maingourd (groupe D'aucy) ou Brossard », lance Pascal Verhille, responsable qualité chez Cargill. Le fabricant de nuggets pour McDo, installé à Saint-Cyr-en-Val (Loiret), fait partie du groupe régional d'auditeurs croisés (Grac). Pour ses audits internes, il fait appel à des salariés d'autres entreprises de l'agroalimentaire. Pas sous forme de prestation, mais d'échange : un donné pour un rendu.
En janvier, la trentaine d'entreprises qui participent à cette démarche se réunissent pour organiser les rendez-vous et faire un point sur la réglementation. Mis à part cette journée-formation, facturée 450 €, la démarche est gratuite. Cette année, Cargill ira auditer le producteur de sushis Marco Polo. En retour, la biscuiterie Saint-Michel viendra le contrôler. « Même si nos process sont différents, Saint-Michel est déjà certifié BRC V7. L'auditeur pourra donc nous apporter des conseils sur les exigences supplémentaires du référentiel », ajoute Pascal Verhille.
Ces échanges interentreprises font gagner en efficacité pour des audits internes qui peuvent devenir « routiniers ». Chez Cargill, c'est Marc-Olivier Krause l'auditeur expérimenté. Depuis trois ans, il visite d'autres entreprises et cette démarche le motive. « Je peux voir d'autres process, sortir de mon isolement et échanger sur des points très précis avec des collègues. Nous avons ainsi monté un réseau informel très utile. »
Le prix et le service
Pour devenir auditeur au sein du Grac, il faut un minimum d'expérience. Il est possible de commencer comme observateur, puis, après avoir suivi quelques audits, de monter en compétence. « C'est un travail de management qui peut motiver les auditeurs les plus aguerris et faire grandir des PME », indique le responsable qualité de Cargill.
L'échange, c'est également ce qui a poussé les responsables d'Affinity à changer leurs habitudes. Cette entreprise qui fabrique des croquettes pour chiens et chats à La Chapelle-Vendômoise (Loir-et-Cher) a mutualisé ses achats avec sept autres usines agroalimentaires. Il ne s'agit pas de simplement massifier les volumes. Le bureau d'études Reducio a analysé toutes les factures de fournitures de bureau et d'équipement de protection individuelle, a lancé des appels d'offres et les a comparés. La prestation est rémunérée à hauteur de 30 % des économies réalisées.
Affinity économise environ 7 000 € par an. Pour les sept entreprises, ce chiffre se monte à plus de 100 000 €. Mais pour Jean-François Lefebvre, responsable de l'usine, l'intérêt n'est pas que financier. « Cette démarche nous permet d'acheter mieux. Nous avons, par exemple, opté pour des bouchons d'oreille plus chers, mais plus ergonomiques et plus faciles à nettoyer. Le service compte autant que le prix. Au travers de cette action mutuelle, nous avons pu échanger avec d'autres personnes du même secteur d'activité. »
Nadine Foucher, en charge des achats, en poste depuis trente ans, a apprécié la dizaine de réunions mensuelles de préparation : « Il faut accepter de se séparer de fournisseurs que l'on connaît bien, mais c'est une démarche très enrichissante ! »
D'autres postes pourraient être mutualisés, comme les produits de nettoyage, les contrôles obligatoires de sécurité, les pièces de rechange, la location de chariot élévateur, l'évacuation des déchets... « C'est compliqué à mettre en place car le changement représente un risque. Nous allons d'abord étoffer le groupe d'entreprises avant de nous lancer dans l'achat de nouveaux produits », conclut Jean-François Lefebvre.
Bientôt la logistique mutualisée
La plateforme de services a été mise en place par l'Ariac (Association régionale des industries alimentaires du Centre) il y a trois ans. Aujourd'hui, une cinquantaine d'entreprises participent aux échanges, aussi bien des PME que des grands groupes. Après les achats et les audits croisés, un groupe de sept entreprises tente de mutualiser le transport. Le but est de diminuer les coûts logistiques pour acheminer des marchandises en région parisienne, chez des commerçants détaillants. D'autres Aria, comme celle de Bourgogne, proposent également de mutualiser les actions de promotion des produits.