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Rapport Rouault

" Favoriser l'accroissement de la taille des PME "

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Publié le jeudi 04 novembre 2010 - 12h44

Philippe Rouault

Après la remise de son rapport sur l’analyse comparée de la compétitivité des industries agroalimentaires françaises par rapport à leurs concurrentes européennes, Philippe Rouault a répondu aux questions de RIA.

RIA : Comment évolue le niveau de compétitivité des IAA françaises ?
Philippe Rouault :
Historiquement fortes, les positions françaises sont mises en difficulté par l'émergence de concurrents comme l'Argentine, l'Australie, le Brésil, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande... En viande porcine, notre part de marché mondiale est passée de 5,8 % en 2004 à 4,7 % en 2009, tandis que celle de l'Allemagne progressait de 10,2 % à 17,1 % et celle de l'Espagne de 7,4 % à 9,8 %.

Dans le secteur des fromages, elle a chuté de 17,4 % en 2004 à 14,4 % en 2009, tandis que l'Allemagne progressait de 16,2 % à 16,7 %. Après avoir été le premier exportateur européen de produits transformés, la France est désormais troisième, dépassée par l'Allemagne et les Pays-Bas. Hors vins et spiritueux, notre balance commerciale est, en 2009, déficitaire de 3,4 milliards d'euros (Mds€).

RIA : Quels en sont, selon vous, les principaux facteurs explicatifs ?
Philippe Rouault :
Pour des produits type commodités comme la côte de porc, le filet de poulet ou l'emmental, où l'élément déterminant est le prix, la taille est un enjeu essentiel. Les entreprises françaises doivent atteindre une taille critique. En viande, le brésilien JBS-Friboi est, en une décennie, passé de 1 à 20 Mds€ et de 1 à 13 Mt. Premier européen, Vion, ne transforme que 2,5 Mt et les premiers français - Bigard et Doux - que 1 Mt !

Dans le lait, si nous disposons de leaders comme Danone, Lactalis, Bongrain ou Bel, il reste, là aussi, du travail à faire. C'est notamment le cas de certaines entreprises coopératives positionnées sur des produits industriels tels que la poudre de lait, le beurre ou l'emmental. Pour ces activités à faible marge et dont l'activité à l'export est importante, la massification industrielle est, là aussi, essentielle. A noter également dans ce secteur, la perte de parts de marché en lait de consommation et emmental sur 2008-2009, liée à un prix d'achat du lait par les industriels supérieur à ce qu'il est dans les autres pays européens.

Enfin, d'autres filières ont aussi intérêt à se structurer. Je pense notamment à la salaisonnerie ou la biscuiterie.

RIA : Comment comptez-vous accompagner ces restructurations ?
Philippe Rouault :
J'ai préconisé de faire réaliser pour les PME et par des cabinets spécialisés, des audits stratégiques d'entreprises afin d'accompagner les PME dans leurs évolutions.

Retenue par Bruno Le Maire, qui l'a annoncée au Sial, cette recommandation va être mise en œuvre à titre expérimental dans quatre ou cinq régions. L'objectif est de donner à ces entreprises une meilleure visibilité de leur avenir. Le coût de ces audits sera majoritairement supporté par les pouvoirs publics.

RIA : Que penser du rôle des fonds d'investissement ?
Philippe Rouault :
Il est essentiel dans une telle période. Je préconise même d'étudier de quelle façon l'Etat peut assurer une meilleure coordination de leurs stratégies. La bonne santé d'un secteur peut avoir de lourdes implications sur une filière. Par exemple, si le secteur du jambon cuit souffre, cela aura des répercussions sur l'ensemble de la filière porcine.

RIA : Vous notez des distorsions de concurrence liées à la main-d'œuvre
Philippe Rouault :
En effet. Les allemands font massivement appel dans le secteur de l'abattage-découpe à des travailleurs des nouveaux Etats membres rémunérés aux alentours de 7,5 €/h, hors charges sociales. C'est moins de la moitié du coût de la main-d'œuvre française. La France, comme d'autres Etats membres ne peut, de part sa législation, utiliser cette pratique.

Je recommande donc la mise en place d'un plan de modernisation et de robotisation des chaînes d'abattage et de découpe dans l'industrie de la viande, notamment dans le porc. Ceci augmentera la productivité et réduira les tâches les plus pénibles.

Accéder au rapport complet

Lire aussi :
Ania : Les stratégies industrielles gagnantes à l'horizon 2015

Filière viande : Le Sniv-SNCP appelle à créer les conditions d'une nouvelle compétitivité

Laurent Bénard

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