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    QUESTION DE MANAGEMENT

    Comment la Laiterie de Montaigu a pris une avance technologique

    ISABELLE DULAU - RIA - n°750 - novembre 2013 - page 111

    L'industriel est devenu un acteur important du marché de la poudre de lait infantile grâce à son expertise en séchage. Une compétence co-construite avec le laboratoire de recherche Inra-STLO.
    SCIENCE TO BUSINESS La Laiterie de Montaigu a intégré les résultats innovants de ses travaux de recherche avec l'UMR ST LO (Science et technologie du lait et de l'oeuf) de l'Inra de Rennes dans le pilotage de ses tours de séchage et y a gagné en rentabilité et en qualité.

    SCIENCE TO BUSINESS La Laiterie de Montaigu a intégré les résultats innovants de ses travaux de recherche avec l'UMR ST LO (Science et technologie du lait et de l'oeuf) de l'Inra de Rennes dans le pilotage de ses tours de séchage et y a gagné en rentabilité et en qualité.

    C'est l'histoire d'un saut technologique, une histoire de transition vitreuse et d'hommes, quand l'intégration de la science rime avec croissance. En 1997, la pérennité de l'entreprise familiale est en jeu. Cette dernière décide d'attaquer le marché porteur de la poudre de lait infantile. Mais comment se différencier ? « Le rêwve, c'était de casser le mythe de la boîte noire, de passer de l'empirisme du séchage à une démarche scientifique et ainsi pénétrer le marché par le haut », mentionne Éric Blanchard, directeur général de La Laiterie de Montaigu.

    État de l'art

    Cet ingénieur rejoint la société en 1997 en tant que responsable production. Rapidement il convainc la direction de créer une cellule R & D avec deux techniciens. Il dresse un état de l'art et identifie les compétences qui pourraient permettre à la Laiterie d'atteindre son objectif. Rapidement, il cible l'équipe du STLO de l'Inra de Rennes et rencontre Pierre Schuck, chargé du partenariat industriel. Le credo de ce chercheur, ex-responsable de production, est d'appréhender l'interaction produit-procédé. En 2001, il organise le premier Symposium sur le séchage par atomisation des produits laitiers (SDDP) qui réunit 500 chercheurs internationaux et industriels laitiers. Un événement qui motive l'entreprise et l'Inra à construire un projet de recherche ambitieux pour prévoir les paramètres de séchage à partir des caractéristiques de la solution à travailler. « On savait que la température de transition vitreuse était une donnée fondamentale et que théoriquement on pouvait en déduire la part d'eau libre et d'eau liée et donc la quantité d'énergie à mettre en oeuvre », spécifie Éric Blanchard. En 2003, les deux partenaires acquièrent la certitude qu'ils pourront modéliser le séchage et avec leur stagiaire ils mettent au point un protocole.

    En 2006, les paramètres sont prédits avec une fiabilité de 97 %. Le modèle mathématique, le protocole et le logiciel (SD2P) sont en copropriété. L'étudiant stagiaire poursuit les travaux avec une thèse CIFRE, le modèle et le protocole sont optimisés, en 2012, la précision atteint 98 %, la non-qualité est de 0,3 % contre 4 à 7 % dans le secteur. « Aujourd'hui, on pilote la tour en fonction des éléments fournis par le logiciel, tous nos essais sont commercialisables. Nous avons entre cinq à sept ans d'avance sur nos concurrents ! », estime Éric Blanchard. Pour que la collaboration fonctionne, outre l'entente entre les deux hommes, il fallait que les échanges soient équilibrés. « Notre objectif commun est de créer des connaissances nouvelles. C'est un travail collectif. L'Inra avait le savoir, nous leur apportions des informations sur le marché et la définition de ce qu'est une poudre de lait de haute qualité, » précise le directeur général. L'effort de recherche a été partagé. La Laiterie s'est impliquée activement dès le début du projet, les réunions d'équipe étaient mensuelles, puis trimestrielles. Un stagiaire a été recruté et deux thèses financées. Aujourd'hui l'un des thésards est détaché de recherche au STLO. Entre le rêve de 1997 et la maîtrise technique de 2012, l'industriel a surtout créé un processus d'intégration du savoir (voir encadré). Grâce aux publications et aux colloques, les partenaires ont acquis une notoriété d'expert au niveau international. Le développement à l'export de La Laiterie (RIA n° 747, p 28) en a été facilité. De plus, trente licences du logiciel SD2P ont été vendues pour environ 600 k€.

    De la recherche au savoir-faire

    La Laiterie de Montaigu et l'UMR STLO de l'Inra de Rennes ont créé une méthode scientifique pour déterminer les paramètres de séchage à partir des caractéristiques des solutions à sécher.

    Pour l'intégrer en fabrication, Pierre Schuck, de l'UMR STLO de l'Inra de Rennes, a formé sur site les opérateurs et l'équipe R & D était sur le terrain pour expliquer le lien entre les paramètres de séchage et la qualité de la poudre obtenue. « Il a fallu plusieurs années mais aujourd'hui les bons réflexes sont acquis et transmis », confie Éric Blanchard, directeur général de La Laiterie de Montaigu.

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