Le poste de découpe-désossage dans l'industrie de la viande, n'est pas forcément celui qui a priori attire le plus. Et pourtant, Gatine Viandes relève le défi. « Nous nous battons pour casser une mauvaise image, montrer qu'il s'agit bien d'un métier qui s'apprend. Nous faisons beaucoup d'actions vers l'extérieur : visite de l'entreprise, accueil de CAP et bacs professionnels, partenariat avec la CCI (Chambre de commerce et de l'industrie). Et cela porte ses fruits : nous avons moins de mal à recruter que d'autres entreprises du secteur », explique Marcel Pasquier, responsable du service découpe chez Gatine Viandes (480 salariés), une filiale de SVA Jean Rozé en charge de la première et deuxième transformation de la viande porcine.
Plus d'implication
Pour aller plus loin dans la formation de ses opérateurs, quatre salariés de l'entreprise et cinq nouveaux collaborateurs ont suivi pendant six mois le Pass-Ifria, formation en alternance pour devenir « Opérateur qualifié de seconde transformation ».
« Cette formation, exclusivement en interne, alterne cours théoriques et pratiques en atelier pour développer les compétences professionnelles des stagiaires », poursuit Roselyne Brault, responsable ressources humaines. « C'est la première année que nous proposons cette formation. On peut déjà dire que c'est une réussite. Il s'est créé un esprit d'équipe entre stagiaires issus de l'entreprise et nouveaux collaborateurs. Les tuteurs ont eu plaisir à transmettre leur savoir faire », analyse Marcel Pasquier. Les stagiaires issus de l'entreprise étaient auparavant des agents de manutention. « Pour les autres, nous leur avons d'abord expliqué le programme, fait visiter l'entreprise puis fait passer des tests d'habileté et de concentration. Leur motivation a aussi été prise en compte », ajoute Roselyne Brault. Aurélie Huriaux (21 ans), l'une des neuf stagiaires, après une formation de serveuse, une mission en intérim dans l'industrie agroalimentaire et un congé de maternité, a été séduite par la visite et l'encadrement proposé. Ce qu'elle retient de la formation : « Les notions de sécurité, d'hygiène, l'anatomie de l'animal et les différentes façons de désosser plusieurs morceaux ». « Nous accueillons des personnes d'horizons très divers, comme la comptabilité par exemple. On essaye de leur donner de bonnes bases dès le départ : le vocabulaire, les bonnes postures, ce que souhaite le client. Avec cette formation c'est plus facile de se comprendre et de travailler ensemble ; cette compréhension leur donne plus d'autonomie, de confiance en soi, d'implication et de réactivité dans le travail. Ils savent de quoi ils parlent », poursuit Marcel Pasquier. Autres points positifs cités par Gatine Viandes, les formateurs de l'Ifria sont des professionnels et la formation est conçue à la carte.
L'heure du bilan
Après la formation de six mois, les stagiaires sont tous restés en CDD de six mois pour mettre en pratique leur formation. Fin janvier, un bilan sera fait avec des CDI à la clé. « On regarde si les stagiaires sont capables de tenir le rythme et quels sont les postes qui leur conviennent le mieux. Certains comme le lever de bardière sont plus pointus que d'autres », souligne Roselyne Brault, qui souhaite poursuivre l'expérience. Un deuxième groupe de 12 personnes devrait être constitué en mars.
Le Pass Ifria, une formation professionnelle en interne
Le contrat de professionnalisation de six mois alterne cours théoriques et pratiques en interne. Ainsi, 60 % du temps est consacré à la formation théorique sur table ou en ligne et 40 % à la pratique en production au sein d'une équipe sous l'oeil du tuteur.
Le programme est établi par l'Ifria (Institut de formation régional des industries alimentaires) « à la carte » en collaboration avec l'entreprise.
« Cela donne le temps aux opérateurs d'être formés, de se poser, d'analyser leurs compétences sur tel ou tel poste, de leur donner une polyvalence, d'être mieux intégrés », observe Marcel Pasquier au terme de cette première session. Le stagiaire est formé sur l'hygiène, l'environnement, la sécurité mais aussi de façon plus spécifique sur l'anatomie du porc, l'ensemble de la chaîne de travail, la technique d'élaboration des produits (geste et postures), le devenir des produits, et acquiert un esprit d'équipe.